
Pourquoi voulez-vous enfermer,
ahem… pardon, « contrôler »,
votre mental ?
Que redoutez-vous qu’il se produise si vous le libériez ? Ou plutôt, qui redoutez-vous ? Mais attendez, j’ai encore mieux : QUI redoute ?
Ce ne sont là, bien évidemment, pas des questions réthoriques.
Qui redoute la libération de la matrice dans laquelle s’épanouit toute la création comme une magnifique oeuvre d’art ?
Et pourquoi ?

En effet, qui pourrait bien craindre d’être libre de toutes attaches et vacant d’ignorance ainsi que de connaissance ? Certainement pas la conscience pure.
Avez-vous consenti à avoir peur d’être libre ? Mais qu’importe ? Car la vraie question est de savoir pourquoi vos actes présents témoignent de votre consentement, peut-être inconscient, mais terriblement d’actualité.
Dès lors, êtes-vous si sûr que c’est bien « vous » qui êtes aux commandes ? « Ça » refuse d’envisager cette hypothèse en vous ? Alors, êtes-vous réellement qui vous croyez être ?
En effet, qui pourrait bien s’offusquer de la possibilité que le mental ne serait pas l’ennemi, mais que « vous » seriez bel et bien son bourreau ?
Qui d’autre si ce n’est l’imposteur qui s’apprête à être démasqué ?
Alors pourquoi continuez-vous de vous identifier à lui plutôt qu’à votre Âme ? Pour quels motifs continuez-vous de prêter une oreille attentive à la voix en vous qui s’est faite passer pour celle de votre Âme ? Après tout, cet imposteur vit votre vie à votre place et, en remerciement, vous laisse vide, d’un vide de conscience tel qu’il en est devenu rempli de souffrance. En somme, cet usurpateur de l’Être véritable vous vole votre vie. Et que recevez-vous en échange ? Rien, absolument rien.
Bien que sachant cela, vous continuez pourtant de choisir l’illusion en vous adonnant à lui plutôt que de donner corps à votre nature véritable de pure conscience.
Pourquoi ?

La réponse est évidente, mais une métaphore pourrait vous aider à percer ce qui doit être un mystère pour vous. Imaginez avoir quitté votre maison pour explorer les rues alentours si longtemps qu’en réalité, il semblerait que vous l’ayez abandonnée. Un squatteur passant par là se saisit de la belle aubaine et y élit domicile. Après 30, 40 ou 50 ans, voire même plus pour certains d’entre vous, vous vous décidez enfin à rentrer chez vous. Mais là, Ô surprise, votre maison est occupée par quelqu’un d’autre. Pensez-vous que l’opportun s’en ira parce que vous aurez demandé poliment ? Allons, allons, je sais que vous pouvez démontrer plus de discernement. Alors, que faîtes-vous ? Vous appelez les forces de l’ordre, bien sûr. Malheureusement, après plus de trente années d’occupation incontestée par vous, la propriété de la maison a lentement, mais sûrement glissé de vos doigts entre ceux du squatteur devenu l’heureux propriétaire de ce que vous croyiez naïvement être encore votre « chez vous ».
Alors, deux voies d’ouvrent devant vous :
celle du lâche et celle du héros.

En vous engageant dans la voie du lâche, vous abandonnez définitivement votre foyer (lire : « feu ») à l’imposteur qui s’est fait passé pour l’occupant légitime en votre absence. C’est ainsi que vous repartez la queue entre les pâtes et errez dans les rues qui vous avaient tant absorbé autrefois, jusque’à ne plus être que l’ombre de vous-même et finir par disparaître dans un nuage de fumée. « Mais pourquoi diable choisirais-je cette voie ? » me demanderez-vous ? Car aussi noir que ce soit son portrait, cette voie est celle de la facilité. Voilà pourquoi. D’ailleurs, ne trouvez-vous pas facilité et lâcheté s’accordent à merveille ? Mais arrêtons-nous en là avant que je ne digresse. Quid de la voie du héros ?

En vous engageant dans la voie du héros, vous restez vous battre pour expulser l’intrus et reconquérir votre foyer. Elle n’est empruntée que par les rares (très, très rares) parmi vous qui auraient encore la rage au coeur (pour les non-initiés à la langue des oiseaux, lire : « courage »). Pourquoi ? Car suivre un chemin-qui-a-du-coeur conduit à se dépouiller de toute l’importance personnelle dont l’homme ordinaire est pétri. Comment pourriez-vous sauter dans l’abysse sans courage ? La voie du Coeur est jalonnée d’épreuves permettant à l’homme ordinaire de libérer ses identifications malencontreuses. Grâce aux profondes désécurisations mondaines qu’il connaît, l’homme ordinaire gagne progressivement en force intérieure jusqu’à devenir le héros qui lui seul peut se retourner vers le Soi. Exclusivement tourné vers l’intérieur et continuellement dévoué au réel, le héros lève alors le voile sur sa nature véritable et découvre une présence impersonnelle, immortelle, infinie.